dimanche 19 septembre 2010

"ABOLITION DU DOGME DE LA PERSONNALITÉ

-autrement dit de l'idée que nous avons une Personnalité "distincte" de celle des autres.C'est une fiction théologique. La personnalité de chacun de nous est composée (...) du croisement social avec les "personnalités" des autres, de l'immersion dans des courants et des orientations sociales, et de la fixation de marques héréditaires, dues en grande partie à des phénomènes d'ordre collectif. Autrement dit, dans le présent, dans l'avenir et dans le passé, nous faisons partie des autres et ils font partie de nous."

Fernando PESSOA

samedi 21 février 2009

Je publie ci-après un texte célèbre de l'athée d'Holbach, grand animateur du cercle anti-clérical et athée des philosophes des Lumières au 18° siècle. Il est toujours utile à relire.Je le possède dans une très jolie édition d'époque.

Ce qui m'a particulièrement amusé, c'est de le retrouver sur le site d'un athée militant d'une extrême intolérance et qui affichait en même temps son intérêt passionné pour la para-psychologie et le para-normal. cet enragé était donc incapable de comprendre ce qu'il publiait, comme souvent : les grands textes sont hors de portée des petits esprits.


Pour ma part, chaque fois que s'échauffe trop ma réelle et profonde sympathie pour les croyants, qui , malgré mon propre scepticisme fondamental,me sont plus proches de cœur que les athées de naissance, je me fait cette petite lecture de rappel :



Texte du Baron d'Holbach , tiré de son "Système de la nature" publié sous le pseudonyme de Mirabaud

L'orthographe et la typographie datant du 18°siècle, il présente quelques curiosités qui n'empêchent pas d'apprécier la beauté et la clarté du texte,

Les idées fausses que tant de personnes ont sur l'utilité de la religion, qu'ils jugent au moins propre à contenir le peuple, viennent elles-mêmes du préjugé funeste, qu'il est des erreurs utiles, et que des vérités peuvent être dangereuses. Ce principe est le plus propre à éterniser les malheurs de la terre : quiconque aura le courage d'examiner les choses , reconnaîtra sans peine que tous les maux du genre humain sont dus à ses erreurs . et que ces erreurs religieuses doivent être les plus nuisibles de toutes par l'importance qu'on y attache, par l'orgueil qu'elles inspirent aux souverains, par l'abjection qu'elles prescrivent aux sujets, par les frénésies qu'elles excitent chez les peuples : on sera forcé d'en conclure que les erreurs sacrées des hommes sont celles dont l'intérêt des hommes exigent la destruction la plus complète, et que c'est principalement à les anéantir que la saine philosophie doit s'attacher. Il n'est point à craindre qu'elle produise ni troubles ni révolutions ; plus la vérité parlera avec franchise, plus elle paraîtra singulière; plus elle sera simple, moins elle séduira des hommes épris du merveilleux; ceux mêmes qui la cherchent avec le plus d'ardeur ont une pente irrésistible qui les porte à vouloir incessamment concilier l'erreur avec la vérité '.

Voilà sans doute pourquoi l'athéisme, dont jusqu'ici les principes n'ont point encore été suffisamment développés, semble alarmer les personnes mêmes les plus dégagées de préjugés. Elles trouveront l'intervalle trop grand entre la superstition vulgaire et l'irréligion absolue : elles croient prendre un sage milieu en composant avec l'erreur; elles rejettent les conséquences en admettant le principe ; elles conservent le fantôme, sans prévoir que tôt ou tard il doit produire les mêmes effets, et faire de proche en proche éclore les mêmes folies dans les têtes humaines. La plupart des incrédules et réformateurs ne font qu'élaguer un arbre empoisonné, à la racine duquel ils n'osent porter la coignée : ils ne voient pas que cet arbre reproduira par la suite les mêmes fruits. La théologie ou la religion seront en tout temps des amas de matières combustibles, couvées dans l'imagination des hommes; elles finissent toujours par causer des embrasemens. Tant que le sacerdoce aura le droit d'infecter la jeunesse, de l'habituer à trembler devant des mots, d'alarmer les nations au nom d'un dieu terrible, le fanatisme sera le maître des esprits, l'imposture à volonté portera le trouble dans les états. Le fantôme le plus simple, perpétuellement alimenté, modifié, exagéré par l'imagination des hommes, deviendra peu à peu un colosse assez puissant pour renverser toutes les tètes et culbuter des empires. Le déisme est un système auquel l'esprit humain ne peut pas longtemps s'arrêter ; fondé sur une chimère, on le verra tôt ou tard dégénérer en une superstition absurde et dangereuse.

On rencontre beaucoup d'incrédules et de déistes dans les pays où règne la liberté de penser; c'est-à-dire où la puissance civile a su contrebalancer le pouvoir de la superstition. Mais on trouve surtout des athées dans les nations où la superstition, secondée par l'autorité souveraine, fait sentir la pesanteur de son joug, et abuse impudemment de son pouvoir illimité '. En effet, lorsque dans ces sortes de contrées la science, les talens, les germes de la réflexion ne sont point entièrement étouffés , la plupart des hommes qui pensent, révoltés des abus crians de la religion, de ses folies multipliées, de la corruption, de la tyrannie de ses prêtres , des chaînes qu'elle impose , croient avec raison ne pouvoir jamais trop s'éloigner de ses principes, le dieu qui sert de base à une telle religion leur devient aussi odieux que la religion elle-même; si celle-ci les opprime, ils s'en prennent au dieu; ils sentent qu'un dieu terrible, jaloux, vindicatif, veut être servi par des ministres cruels; par conséquent ce dieu devient un objet Dieu devient un objet déteftable pour toutes les ames honnêtes & éclairées, dans lefquelles fe trouve toujours l'amour de l'équité, de la liberté, de l'humanité, et l’indignation contre la Tyranie . L’'indignation contre la Tyrannie. L'oppreffion donne du ressort à l'ame ;elle force d'examiner de près la caufe de fes maux ; le malheur eft un aiguillon puiflant qui tourne les efprits du côté de la vérité. Combien la raifon irritée ne doit - elle pas être redoutable au menfonge! elle lui arrache fon mafque ; elle le pourfuit jufque dans fes derniers retranchemens ; elle jouit au moins intérieurement de fa confufion.
A propos du pape et de l'évêque négationniste:

Les médias, qui sont devenus ignorants et font profession de propager leur ignorance au niveau mondial aiment les scandales. Or donc, selon leur vision simplifiée,chacun sait que ce pape réactionnaire est 'a qu'une idée en tête, c'est de nous ramener au Moyen-Age. Et voilà qu'il réintègre dans son église un soi-disant évêque, véritablement négationniste: Ca au moins , c'est un beau scandale qui fait vendre du papier !

Première remarque :l'église catholique n'a jamais été une institution démocratique. Deuxième remarque: les catholiques qui ne sont pas d'accord peuvent très bien la quitter : Mgr Lefebvre l'a bien fait lui ! Troisième remarque pour les autres, athées, qui n'aimaient déjà pas l'église: réjouissez-vous de ce pape qui accélère la déchristianisation de l'Europe !

Par ailleurs, et moins ironiquement, si vous voulez réellement connaître le contexte de cette affaire, au-delà des indignations et de la désinformation, lisez ce qui suit :


Lettre ouverte de Mgr Hippolyte Simon,
vice-président de la Conférence des évêques de France
Le 29 janvier 2009
***
Lettre ouverte à ceux qui veulent bien réfléchir…..
Je ne sais pas si je suis en colère ou si je suis malheureux : la vérité tient sans doute des deux. Mais trop, c’est trop, alors je dis : ça suffit ! Le déchaînement médiatique contre le Pape Benoît XVI, qui aurait réintégré quatre évêques intégristes, dont un négationniste avéré, ne relève pas de la critique, mais de la calomnie et de la désinformation. Car, quoi que l’on pense des décisions du Pape, il faut dire, répéter et souligner que ces quatre évêques n’ont pas été réintégrés . Et donc, Mgr Williamson, dont les propos tenus à la télévision suédoise sont effectivement intolérables, n’est toujours pas revenu au sein de l’Eglise catholique et il ne relève toujours pas de l’autorité du Pape. Les informations qui parlent de réintégration reposent sur une confusion grave entre levée des excommunications et réintégration à part entière.
J’accorde volontiers mon indulgence à tous les journalistes et à tous les commentateurs qui ont pu confondre, de bonne foi, la levée de l’excommunication et la réintégration pure et simple. Les catégories utilisées par l’Eglise peuvent prêter à équivoque pour le grand public. Mais la vérité oblige à dire que, selon le Droit de l’Eglise, ce n’est pas du tout la même chose. Si on confond les plans on devient victime de simplifications qui ne profitent qu’à ceux qui veulent faire de la provocation. Et on se fait complice, involontairement, de ces derniers. De façon habituelle, le grand public est en droit d’exiger d’un journaliste sportif qu’il sache distinguer, par exemple, entre un corner et un essai. Pourquoi l’Eglise n’aurait-elle pas le droit d’avoir aussi son vocabulaire « technique » et pourquoi devrait-on tolérer des approximations aussi graves simplement sous prétexte qu’il s’agit de religion ?
Reprenons donc exactement ce qui s’est passé. Suite à l’élection du Pape Benoît XVI, en Avril 2005, les évêques de la Fraternité Saint-Pie-X, fondée il y a plus de trente ans par Mgr Lefebvre, ont demandé à reprendre le dialogue avec Rome, mais ils avaient mis deux préalables: premièrement, la libéralisation du Missel de 1962, ce qui a été fait par le motu proprio, en juillet 2007 et, deuxièmement, la levée des excommunications.
Que signifie la levée des excommunications ? Pour prendre une comparaison familière, je dirai ceci : quand Mgr Lefebvre est sorti, c’est-à-dire quand il a désobéi en ordonnant quatre évêques malgré l’avis formel du Pape, c’est comme s’il y avait eu, automatiquement, une barrière qui était tombée et un feu qui s’était mis au rouge pour dire qu’il était sorti. Cela voulait dire que si, un jour, il voulait rentrer, il faudrait qu’il fasse d’abord amende honorable. Mgr Lefebvre est mort. Paix à son âme ! Aujourd’hui, ses successeurs, vingt ans après, disent au Pape : «Nous sommes prêts à reprendre le dialogue, mais il faut un geste symbolique de votre part. Levez la barrière et mettez le feu au clignotant orange !» Le Pape, pour mettre toutes les chances du côté du dialogue, a donc levé la barrière et a mis le feu au clignotant orange. Reste à savoir maintenant si ceux qui demandent à rentrer vont le faire. Est-ce qu’ils vont rentrer tous ? Quand ? Dans quelles conditions ? On ne sait pas. Comme le dit le cardinal Giovanni Battista Re [préfet de la Congrégation des évêques], dans son décret officiel : « il s’agit de stabiliser les conditions du dialogue ». Peut-être que le Pape, dans un délai que nous ne connaissons pas, leur donnera un statut canonique. Mais pour l’instant, ce n’est pas fait. Le préalable au dialogue est levé, mais le dialogue n’a pas encore commencé. Nous ne pouvons donc pas juger les résultats du dialogue avant qu’il n’ait eu lieu.
Là-dessus, la veille du jour où devait être publié le décret du Cardinal RE, voici qu’une télévision suédoise publie ou republie les propos clairement négationnistes de l’un des quatre évêques concernés, Mgr Williamson. Le Pape, quand il a donné son feu vert à la signature du décret par le Cardinal pouvait-il connaître les discours de Mgr Williamson ? Très honnêtement, je crois pouvoir dire que non. Et c’est en un sens plutôt rassurant : c’est le signe que le Vatican n’a vraiment pas les moyens de faire surveiller tous les évêques et toutes les chaînes de télévision du monde ! C’est donc ici qu’il ne faut pas se tromper d’interprétation : que signifie cette coïncidence entre la signature d’un décret, prévue pour le 21 Janvier, et donc connue de Mgr Williamson, et la diffusion des propos télévisés du même personnage ?
Que chacun se demande : à qui profite le crime ? A qui profite le scandale provoqué par des propos d’une telle obscénité ? La réponse me semble limpide : à celui ou à ceux qui voulaient torpiller le processus inauguré par la signature du décret ! Or, pour peu que l’on suive un peu ces questions et les différentes interventions de Mgr Williamson depuis quelques années, il est clair que lui ne veut à aucun prix de la réconciliation avec Rome ! Cet évêque, dont je répète, qu’il n’a encore aujourd’hui aucun lien de subordination canonique vis-à-vis de Rome, a tout simplement utilisé la méthode des terroristes : il fait exploser une bombe (intellectuelle) en espérant que tout le processus de réconciliation va dérailler. Il fait comme tous les ultras de tous les temps : il préfère laisser un champ de ruines plutôt que de se réconcilier avec ceux qu’il considère comme des ennemis.
Alors je le dis avec tristesse à tous ceux qui ont relayé, - avec gourmandise ou avec douleur-, l’amalgame entre Benoît XVI et Mgr Williamson : vous avez fait le jeu, inconsciemment, d’un provocateur cynique ! Et, en prime, si j’ose dire, vous lui avez offert un second objectif qui ne pouvait que le ravir : salir de la pire des manières la réputation du Pape. Un pape dont il se méfie plus que de tout autre, car il voit bien que ce Pape ruine absolument tout l’argumentaire échafaudé jadis par Mgr Lefebvre. Je ne peux pas développer ici ce point. Je ne fais que renvoyer à un article que j’avais publié dans les colonnes du journal Le Monde, l’an dernier, au moment de la publication du Motu Proprio : « Quand je lis, un peu partout, que le Pape accorde tout aux intégristes et qu’il n’exige rien en contrepartie, je ne suis pas d’accord : il leur accorde tout sur la forme des rites, mais il ruine totalement leur argumentaire sur le fond. Tout l’argumentaire de Mgr Lefebvre reposait sur une prétendue différence substantielle entre le rite dit de Saint Pie V et le rite dit de Paul VI. Or, réaffirme Benoît XVI, il n’y a pas de sens à parler de deux rites. On pouvait, à la rigueur, légitimer une résistance au Concile si l’on pensait, en conscience, qu’il existait une différence substantielle entre deux rites. Peut-on légitimer cette résistance, et a fortiori un schisme, à partir d’une différence de formes ? »
Pour un fondamentaliste, et qui plus est, pour un négationniste forcené comme Mgr Williamson, Benoît XVI est infiniment plus redoutable que tous ceux qui font l’apologie de la « rupture » introduite par le Concile Vatican II. Car s’il y a rupture, alors il est conforté dans son opposition à la « nouveauté ». Mais celui qui démontre paisiblement que le Missel de Paul VI, la liberté religieuse et l’œcuménisme font partie intégrante de l’authentique Tradition Catholique, celui-là lui enlève toute justification.
J’ai bien conscience qu’il faudrait développer mon argumentation. Que chacun veuille bien me pardonner de renvoyer aux sites internet où tout ceci est visible. Mais je souhaite surtout que chacun veuille bien se méfier des provocations trop bien montées. Quant à ceux qui s’obstinent à répéter que Joseph Ratzinger a servi dans les Jeunesses hitlériennes, qu’ils veuillent bien relire le témoignage qu’il a donné à Caen, le 6 Juin 2004, pour le soixantième anniversaire du Débarquement en Normandie, et qu’ils se demandent ensuite ce qu’ils auraient fait à sa place. ..Quand on hurle un peu trop fort avec les loups d’aujourd’hui, on ne fait pas bien la preuve que l’on eût été capable de se démarquer des loups de l’époque…
Reste un point qui est second mais cependant très grave : il faudra tout de même s’interroger sur la communication des instances romaines lorsqu’il s’agit de sujets aussi sensibles. Après la polémique de Ratisbonne (qui mériterait elle aussi d’être démontée attentivement..), j’espère – mais je me réserve d’en parler plutôt en interne - que les responsables de la Curie vont procéder à un sérieux débriefing sur les ratés de leur communication. Pour le dire d’un mot, voici comment j’ai vécu les choses : Mercredi 21 janvier, les milieux intégristes italiens, qui croyaient triompher, « organisent une fuite » dans « Il Giornale ». Aussitôt le tam-tam médiatique, se met en route. Mais nous, membres des conférences épiscopales, nous ne savons absolument rien ! Et pendant trois jours les nouvelles – erronées, qui parlent à longueur de journée de réintégration – prolifèrent dans tous les sens comme un feu de brousse. Tout y passe. Arrive alors la « bombe » de Mgr Williamson… Et c’est seulement samedi matin, - trois jours trop tard ! -, que nous recevons le communiqué officiel du Cardinal RE. Comment voulez-vous que nous puissions remettre le débat sur des bases correctes ? Le Cardinal Ricard s’y est employé, de très bonne façon, mais le feu était parti, et plus personne ne pouvait alors entendre une parole raisonnable.
Maintenant que la poussière commence à retomber, essayons de reprendre calmement nos esprits. Comme disait ma Grand-mère : d’un mal Dieu peut faire sortir du bien. Le mal c’est que le Pape Benoît XVI a une nouvelle fois été traîné dans la boue par une majorité de grands médias, excepté, Dieu Merci, La Croix et quelques autres. Beaucoup de catholiques, et beaucoup de gens de bonne volonté, sont dans l’incompréhension et la souffrance. Mais le bien, c’est que les masques sont tombés ! Si le dialogue continue malgré tout avec les évêques de la Fraternité Saint Pie X, - sous réserve, bien sûr, qu’ils passent la barrière maintenant levée- , le discernement pourra se faire, car tout le monde sait un peu mieux ce qu’ils pensent les uns et les autres.
Pour conclure, j’ai envie de m’adresser aux fidèles catholiques qui peuvent, non sans raison, avoir le sentiment d’être un peu trahis, pour ne pas dire méprisés, en cette affaire : méditez la parabole du Fils prodigue, et prolongez-la. Si le Fils aîné, qui avait d’abord refusé d’entrer dans la fête, dit qu’il veut rentrer, allez-vous le refuser ??? Ayez suffisamment confiance en vous-mêmes et en l’Esprit qui conduit l’Eglise, et qui a aussi guidé le Concile de Vatican II, pour penser que la seule présence de ce fils aîné ne suffira pas à étouffer la fête. Donnez à ce dernier venu un peu de temps pour s’habituer à la lumière de l’Assemblée où vous vous tenez…

+ Hippolyte Simon,
Archevêque de Clermont.
Vice-président de la Conférence des évêques de France