samedi 21 février 2009

Je publie ci-après un texte célèbre de l'athée d'Holbach, grand animateur du cercle anti-clérical et athée des philosophes des Lumières au 18° siècle. Il est toujours utile à relire.Je le possède dans une très jolie édition d'époque.

Ce qui m'a particulièrement amusé, c'est de le retrouver sur le site d'un athée militant d'une extrême intolérance et qui affichait en même temps son intérêt passionné pour la para-psychologie et le para-normal. cet enragé était donc incapable de comprendre ce qu'il publiait, comme souvent : les grands textes sont hors de portée des petits esprits.


Pour ma part, chaque fois que s'échauffe trop ma réelle et profonde sympathie pour les croyants, qui , malgré mon propre scepticisme fondamental,me sont plus proches de cœur que les athées de naissance, je me fait cette petite lecture de rappel :



Texte du Baron d'Holbach , tiré de son "Système de la nature" publié sous le pseudonyme de Mirabaud

L'orthographe et la typographie datant du 18°siècle, il présente quelques curiosités qui n'empêchent pas d'apprécier la beauté et la clarté du texte,

Les idées fausses que tant de personnes ont sur l'utilité de la religion, qu'ils jugent au moins propre à contenir le peuple, viennent elles-mêmes du préjugé funeste, qu'il est des erreurs utiles, et que des vérités peuvent être dangereuses. Ce principe est le plus propre à éterniser les malheurs de la terre : quiconque aura le courage d'examiner les choses , reconnaîtra sans peine que tous les maux du genre humain sont dus à ses erreurs . et que ces erreurs religieuses doivent être les plus nuisibles de toutes par l'importance qu'on y attache, par l'orgueil qu'elles inspirent aux souverains, par l'abjection qu'elles prescrivent aux sujets, par les frénésies qu'elles excitent chez les peuples : on sera forcé d'en conclure que les erreurs sacrées des hommes sont celles dont l'intérêt des hommes exigent la destruction la plus complète, et que c'est principalement à les anéantir que la saine philosophie doit s'attacher. Il n'est point à craindre qu'elle produise ni troubles ni révolutions ; plus la vérité parlera avec franchise, plus elle paraîtra singulière; plus elle sera simple, moins elle séduira des hommes épris du merveilleux; ceux mêmes qui la cherchent avec le plus d'ardeur ont une pente irrésistible qui les porte à vouloir incessamment concilier l'erreur avec la vérité '.

Voilà sans doute pourquoi l'athéisme, dont jusqu'ici les principes n'ont point encore été suffisamment développés, semble alarmer les personnes mêmes les plus dégagées de préjugés. Elles trouveront l'intervalle trop grand entre la superstition vulgaire et l'irréligion absolue : elles croient prendre un sage milieu en composant avec l'erreur; elles rejettent les conséquences en admettant le principe ; elles conservent le fantôme, sans prévoir que tôt ou tard il doit produire les mêmes effets, et faire de proche en proche éclore les mêmes folies dans les têtes humaines. La plupart des incrédules et réformateurs ne font qu'élaguer un arbre empoisonné, à la racine duquel ils n'osent porter la coignée : ils ne voient pas que cet arbre reproduira par la suite les mêmes fruits. La théologie ou la religion seront en tout temps des amas de matières combustibles, couvées dans l'imagination des hommes; elles finissent toujours par causer des embrasemens. Tant que le sacerdoce aura le droit d'infecter la jeunesse, de l'habituer à trembler devant des mots, d'alarmer les nations au nom d'un dieu terrible, le fanatisme sera le maître des esprits, l'imposture à volonté portera le trouble dans les états. Le fantôme le plus simple, perpétuellement alimenté, modifié, exagéré par l'imagination des hommes, deviendra peu à peu un colosse assez puissant pour renverser toutes les tètes et culbuter des empires. Le déisme est un système auquel l'esprit humain ne peut pas longtemps s'arrêter ; fondé sur une chimère, on le verra tôt ou tard dégénérer en une superstition absurde et dangereuse.

On rencontre beaucoup d'incrédules et de déistes dans les pays où règne la liberté de penser; c'est-à-dire où la puissance civile a su contrebalancer le pouvoir de la superstition. Mais on trouve surtout des athées dans les nations où la superstition, secondée par l'autorité souveraine, fait sentir la pesanteur de son joug, et abuse impudemment de son pouvoir illimité '. En effet, lorsque dans ces sortes de contrées la science, les talens, les germes de la réflexion ne sont point entièrement étouffés , la plupart des hommes qui pensent, révoltés des abus crians de la religion, de ses folies multipliées, de la corruption, de la tyrannie de ses prêtres , des chaînes qu'elle impose , croient avec raison ne pouvoir jamais trop s'éloigner de ses principes, le dieu qui sert de base à une telle religion leur devient aussi odieux que la religion elle-même; si celle-ci les opprime, ils s'en prennent au dieu; ils sentent qu'un dieu terrible, jaloux, vindicatif, veut être servi par des ministres cruels; par conséquent ce dieu devient un objet Dieu devient un objet déteftable pour toutes les ames honnêtes & éclairées, dans lefquelles fe trouve toujours l'amour de l'équité, de la liberté, de l'humanité, et l’indignation contre la Tyranie . L’'indignation contre la Tyrannie. L'oppreffion donne du ressort à l'ame ;elle force d'examiner de près la caufe de fes maux ; le malheur eft un aiguillon puiflant qui tourne les efprits du côté de la vérité. Combien la raifon irritée ne doit - elle pas être redoutable au menfonge! elle lui arrache fon mafque ; elle le pourfuit jufque dans fes derniers retranchemens ; elle jouit au moins intérieurement de fa confufion.

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